"On voit encore dans le bourg de Brie les derniers vestiges d'une grosse motte entourée de douves et de forme carrée; là s'élevait au XIe siècle le château seigneurial de Brie dont le donjon, de forme également carrée, occupait un des angles de la motte; M. Gaultier du Mottay, propriétaire de ce terrain et archéologue bien connu en Bretagne, en retrouva les substructions en 1856 et dit qu'au moment de la Révolution cd donjon avait encore une hauteur de près de trois mètres. En dehors de l'enceinte fortifiée de ce château se trouvait une autre motte circulaire, bien moins importante, qui devait être une motte féodale, signe d'antique juridiction. La famille de Brie, portant d'argent à trois fasces crénelées de sable, posséda assez longtemps ce château: Robert de Brie et Gaultier son fils furent témoins en 1096 à Brie accompagna Foulques d'Anjou en Palestine en 1129; Robert de Brie fit don en 1283 à l'abbaye de Saint-Sulpice-des-Bois, à l'occasion de l'entrée de sa fille Agnès dans ce monastère; enfin Anger de Brie en 1371, Jean de Brie en 1380, et Perrot de Brie en 1392 figurent parmi les écuyers bretons de temps-là1 . Mais la branche aînée des sires de Brie paraît s'être éteinte en Bretagne vers la fin du XIVe siècle, tandis qu'une branche cadette prospérait en Anjou; vers le même temps, semble t-il, s'écroula le château de Brie ruiné par les guerres; ses seigneurs ne le reconstruisent point. Jean de Malestroit, qui fut évêque de Saint-Brieuc en 1405, acheta la seigneurie de Brie d'après Pierre Tournemine et Thyphaine du Guesclin, seigneur et dame de la Hunaudaye et de Brie. Toutefois, ce prélat ne conserva pas longtemps Brie qu'il donna en 1414 aux chanoines de sa cathédrale2. Il est vraisemblable que le chapitre de Saint-Brieuc vendit la terre seigneuriale de Brie à Jean Loisel, juge universel de Bretagne en 1457, mari de Jeanne Sevestre, fille du trésorier du duché; ce personnage qui joua un grand rôle à la cour de Bretagne prenait, en effet, les titres de seigneur de Brie, épousa en 1476 Matheline Madeuc, fille du seigneur de Guémadeuc; il rendit aveu en 1500 pour l'hôtel de Brie, sis à Rennes sur la place du marché à l'Avoir, et qu'il tenant de la duchesse Anne à devoir "de vingt alliers à prendre cailles pour toute rente"3 ; il possédait également en en 1513, au bourg de Brie, un manoir appelé la Grand'Maison. Jacques Loisel, seigneur de Brie, épousa d'abord Magdeleine de Maure, puis Goharde du Tiercent; cette dernière dame était veuve en 1543. Ce fut leur petit fils, François Loaisel, fils de feu autre François Loaisel et de Claude de Montauban, qui leur succéda à Brie; il épousa 1°en 1559 Marguerite de Chevigné, fille du seigneur d'Anetz; 2° Jacquemine Crespin, qui était veuve de lui en 1570. Ce dernier mariage fut célébré à Brie par un ministre protestant, le seigneur de Brie s'étant rallié à l'hérésie de Calvin. Isaac Loaisel, sortit de cette union, fut seigneur de Brie et président à mortier au Parlement de Bretagne. Il devint l'un des fauteurs les plus ardents du protestantisme dans le pays de Rennes et il se trouva mêlé à toutes les affaires de la Ligue de Bretagne; il s'unit en 1588 à Catherine Faucon, fille di seigneur de Ris, et acheta en 1599 les terre et seigneurie de la Motte en la paroisse de Saint-Armel; il mourut en septembre 1634, après avoir abjuré l'hérésie et fut inhumé dans la cathédrale de Rennes en la chapelle Saint-Nicolas dépendant de sa seigneurie de la Motte-Saint-Armel. Sa femme, Catherine Faucon, l'y suivit dans la même tombe le 3 septembre 1641.4 Leur fils, François Loaisel, premier marquis de Brie, et également président au Parlement, épousa vers 1630 Mathurine de Baud, acquit la seigneurie du Désert-a-Janzé5, obtint du roi la création du marquisat de Brie en 1660, et mourut à 63 ans en son hôtel à Rennes le 1er mai 1670; son corps fut très solennellement inhumé le 5 mai par l'évêque de Rennes dans la chapelle de Saint-Nicolas en la cathédrale; sa veuve fut enterrée près de lui le 7 octobre 1676. Ces seigneurs et dame de Brie n'avaient eu qu'un fils baptisé en 1632 sous le nom d'Isaac, mais décédé à l'âge de deux ans. Après la mort de François Loaisel, le marquisat de Brie passa donc aux mains de Guyonne de Bontbourcher, veuve de Sébastien de Cahideuc, marquis de Bois-de-la-Motte, et descendant, comme le dernier seigneur de Brie, de François Loaisel et de Claude de Montauban. Cette dame mourut le 13 février 1688, laissant à son fils Jean François de Cahideuc, marquis du Bois-de-la-Motte, époux de Charlotte de Langan, le marquisat de Brie, que celui-ci vendit en 1697.
1 - Cart. Roton 291 - Arch.
d'Ille-et-Vilaine - Nobil. de Bret. - Morice Pr. de l'Hist. de Bret.
Source: Les grandes seigneureries de Haute-Bretagne, l'Abbé Guillotin de Corson. |