Ed:21/03/08

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 Articles sur le développement durable

Eco-habitat: la maison passive

 
La ville de Fribourg représente aujourd’hui la capitale de l´énergie solaire et de l’environnement. Ici, le soleil ne favorise pas seulement le bon vin ! Ingénieurs, chercheurs, entrepreneurs, ainsi que les habitants avec l’aide de l’entreprise distributeur de l`Énergie à Freiburg et ses environs, participent activement au développement durable. Contrairement à d’autres localités en Allemagne, Fribourg développe et concrétise de nombreux projets de ce type depuis une vingtaine d’années. La démarche environnementale ouvre la voie de nouveaux secteurs économiques et génère la création de nombreux emplois notamment dans le domaine des services pour la ville.
Il existe actuellement 450 entreprises, avec plus de 10 000 employés qui réalisent annuellement un milliards d’Euros dans le seul domaine de l’environnement.

 

Source: Ouest-France du 7 mars 2008

Fribourg et son village solaire

Ma maison c'est comme une bouteille Thermos. À l'intérieur, les radiateurs sont éteints mais la chaleur reste égale, entre 18 et 20°C, même s'il fait -14°C dehors. » Elsa G., une Française, habite le «village solaire » au bout du quartier Vauban, à Fribourg. Cinq rangées de petits immeubles de trois étages qui couvrent leurs besoins en chaleur grâce, à la fois, à leur orientation nord-sud, à une parfaite isolation et à une toiture en panneaux photovoltaïques. « L'an dernier, pour un logement de 83 m2, nous avons payé 859 € par mois, charges comprises. Soit presque trois fois moins qu'à Paris où je vivais avant de rejoindre mon ami, un Allemand d'ici. »

On quitte la douce chaleur de son appartement pour découvrir à pied le quartier. Coup d'œil sur le « paquebot solaire», immeuble de bureaux, avec des lofts sur le toit. Il constitue un mur antibruit entre le village solaire et une voie où passent voitures et transports collectifs. Regard (surpris) sur le garage solaire, l'un des trois grands parkings collectifs et obligatoires pour les possesseurs d'une voiture.

Comme nous, chaque année, des milliers de personnes, dont beaucoup d'élus, urbanistes et architectes français viennent visiter le quartier Vauban, construit sur les 38 hectares de l'ancienne base militaire française de Fribourg. Voilà quinze ans, il n'existait pas. 5000 habitants y vivent aujourd'hui.

« Tout a commencé en 1992 quand l'armée est partie », explique Andréas D., 42 ans, un autre habitant du quartier que l'on retrouve au Sudden Café, ouvert dans l'ancien mess des officiers. Dès le début j'ai fait partie du Forum Vauban, une association qui exigea de la ville qu'elle fasse preuve d'audace pour ériger un quartier modèle. » Andréas habite un « bâtiment passif», au troisième étage d'un immeuble conçu par un groupe de copropriétaires militants et engages comme lui dans le développement durable. Dans son appart', il fait doux, très doux. «L'an dernier, ma facture d'électricité s'est élevée à 114€ pour l'année.» On lui fait répéter. «Oui, pour l'année. Notre immeuble est très peu gourmand en énergie avec une consommation de 15kWh par m2 et par an. » A comparer avec notre consommation en France, au minimum dix fois plus importante en moyenne !

Retour au Sudden Café, où Jurgen Hartwig, architecte d'origine, nous rejoint. Depuis quelques années, il a fondé une petite société qui assure la promotion des réalisations locales mettant en valeur les énergies renouvelables. «Ça vous dit de voir?» Allons-y. Auparavant, il téléphone pour savoir si une voiture partagée est disponible à proximité. «Ce système mis au point par des habitants est devenu une société de service avec 2 000 abonnés. Pour 48 € par an, on peut disposer d'une centaine de voitures au gaz dispersées dans toute la ville. Il en coûte 1 € de l'heure. » Mieux que le Vélib à Paris !

Grâce à ce système, doublé d'un bon réseau de trams, Je nombre de voitures en circulation a chuté. «En moyenne en Allemagne on compte 500 voitures pour 1000 habitants. Ici à Vauban nous sommes à 120. Les vélos sont plus nombreux, avec trois bicyclettes pour deux habitants. »

C'est quand même en voiture que nous partons faire un tour de Fribourg, devenue la capitale allemande du développement durable et plus particulièrement de l'énergie solaire. Dès qu'on lève les yeux, on ne peut pas les rater. Les panneaux de cellules photovoltaïques qui captent l'énergie du soleil pour le compte de la société de production d'électricité Badenova. Il y en a partout. Sur les toits et parfois les murs de supermarchés, d'hôtels, d'églises, de foyers de jeunes, de maisons de retraite, et de plus en plus d'habitations particulières. «Le plus spectaculaire, c'est au stade de foot», prévient Elsa. Sur le toit plat des tribunes une forêt de capteurs génère 25 000 kWh d'électricité par an. «Ce fut le premier stade allemand ainsi équipé à partir de 1995. Depuis, dix-sept autres ont suivi. »

On file à la Solar Fabrik. Une entreprise fondée en 1996, devenue première productrice allemande de modules photovoltaïques. Pas très loin, l'Institut solaire dont les 600 chercheurs en font le plus grand centre de recherche d'Europe dans son domaine. « Si demain, on ne peut plus vendre nos Mercedes ou BMW, on vendra des panneaux solaires et des éoliennes», lance Jurgen. Quand on lui demande pourquoi « ça marche ici et pas chez nous en France?», la question ne le surprend pas. «Quand on s'est lancés, voilà quinze ans, c'était pour dire concrètement notre refus au projet d'une centrale nucléaire qui devait s'implanter à proximité. On nous disait qu'on ne réussirait jamais, que nous étions des utopistes. Mais on l'a fait. »
Dernière étape en centre-ville à la Station Mobile. Rond comme une roue de vélo, ce bâtiment abrite un parking gardé de 1 000 places réservées aux bicyclettes. Encore un ultime détail pour illustrer le rapide voyage dans cette ville qui concentre les bonnes pratiques pour un développement durable? «Même la balustrade de l'escalier extérieur est couverte de capteurs pour la production de chaleur!»

Yvon LECHEVESTRIER.

Retour au Sudden Café, où Jurgen Hartwig, architecte d'origine, nous rejoint. Depuis quelques années, il a fondé une petite société qui assure la promotion des réalisations locales mettant en valeur les énergies renouvelables. «Ça vous dit de voir?» Allons-y. Auparavant, il téléphone pour savoir si une voiture partagée est disponible à proximité. «Ce système mis au point par des habitants est devenu une société de service avec 2 000 abonnés. Pour 48 € par an, on peut disposer d'une centaine de voitures au gaz dispersées dans toute la ville. Il en coûte 1 € de l'heure. » Mieux que le Vélib à Paris !
 


Visiter Fribourg : Chaque année l'association Nature et Culture (6, rue Rochambeau 56100 Lorient; www.nature-et-culture.org) organise des visites, en lien avec Friburg-futour. Voir aussi le site

http://www.freiburg-futour.de/Francais/index.php
 

 

 

L'Ordre des architectes et la maison à 15 € par jour

Par la voix de Lionel Dunet, architecte rennais président du Conseil national de l'Ordre des architectes, l'Ordre critique la proposition de Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville, de proposer des maisons à 15 € par jour avec l'objectif d'en construire 5 000 cette année.
« La volonté de résoudre le problème du logement est louable, commence Lionel Dunet, mais nous ne pouvons que regretter l'erreur fondamentale de s'accrocher à ce type d'habitat. Alors que les discours vertueux sur la ville compacte et un développement urbain durable et citoyen se multiplient, les pouvoirs publics incitent à des solutions d'aménagement urbain catastrophiques. Le développement de l'engouement
pour la maison individuelle a fait exploser le besoin de lotissements. L'urbanisation a été laissée soumise aux lois du marché. Cette nouvelle mesure, après la maison Borloo à 100 000 €, va générer encore plus de lotissements, véritables gangrènes de nos paysages.» Et l'architecte de poursuivre sur les coûts de viabilité et l'énergie consommée par cette dispersion, la multiplication des besoins automobiles, l'augmentation de la pollution induite ou la pauvreté architecturale et environnementale générée. « Proposons au ministère de lancer des programmes urbains d'éco-logements collectifs ou semi-collectifs, avec des matériaux sains, à basse consommation, proche des services et des lieux de travail », conclut-il.
Ouest-France du 7 mars 2008. Point de vue